Comment avez-vous été abordés pour faire partie de l’aventure de ce film ?
Ary : En devenant acteur, je rêvais d’être amené à doubler des Disney et quand on m’a proposé de doubler un Pixar, ma réponse est arrivée rapidement.
Andrea : Moi, on m’a appelé et on m’a dit « On te propose de faire ce film, tu veux passer un casting ? » Ma réponse a été rapide étant donné que c’était un Disney-Pixar.
Comment s’est passée l’alchimie entre vous deux ? Avez-vous pu doubler des scènes au même moment ?
Ary : On a été au studio ensemble. On a été également ensemble pour tourner la bande annonce. J’avais déjà entendu sa voix (celle d’Andrea) et on a évidemment chanté ensemble.
Andrea : Avec Ary, que j’adore, on a fait la bande-annonce. Ary est très drôle.
Comment s’est passé le travail sur les chansons ?
Ary : On a reçu les chansons en amont, qu’on a pu travailler. Je ne chante pas vraiment, je le fais juste pour déconner. C’était un vrai travail pour moi d’apprendre des chansons, de poser ma voix sur celles-ci. C’est pour moi quelque chose à refaire, ça m’a plu de chanter.
Andrea : Ce n’est pas que j’ai une grande expérience en musique. Je joue de la guitare, je suis guitariste. Je ne suis pas chanteur à la base. C’était un vrai apprentissage que j’ai fait sur Coco, ça ma vraiment appris à chanter. Surtout en Espagnol. A la limite, je savais chanter Someone Like You d’Adèle. C’est à refaire également.
Ary, êtes-vous conscient que votre rôle va faire pleurer vos enfants et qu’avez-vous prévu pour ce traumatisme ?
Ary : J’ai fait le film pour ce rôle bouleversant. C’est aussi un film sur la transmission. Il va parler à ma place, leur dire que tout ça fait partie de la vie. Tout ça me bouleverse aussi et je me dis que ça va être un film pour l’éternité pour mes enfants et leurs enfants aussi.
Ary, on vous connait dans des rôles beaucoup plus comiques. Que vous a apporté ce registre plus sérieux, plus émotif en tant qu’acteur ? Que père ? Recommenceriez-vous l’expérience de doublage ?
Ary : Effectivement, il y a tout ce côté dramatique. Ça fait parti de mon métier d’acteur. Cela demande la même authenticité de faire des scènes comiques que des scènes dramatiques. On a rarement l’occasion de faire ce genre de chose et j’ai le bonheur de pouvoir le faire.
Andrea, tu as doublé Le Petit Prince, quelle est la différence entre l’expérience du Petit Prince et celle de Coco ?
Andrea : (Le Petit Prince) Ce n’est pas Disney-Pixar. Le Petit Prince, ça a été vraiment ma première grande expérience. C’est à la base un très grand livre, d’un très grand auteur (NDLR : Antoine de Saint-Exupéry). Mais ce n’est pas la même chose que Coco. Doubler Miguel n’a pas le même impact. Il partage la vedette avec Hector. On partage plus de choses. Ce n’est pas le même personnage. Ce n’est pas les mêmes émotions. Le Petit Prince était ma première expérience d’un grand film. Alors que Coco marquera toute ma vie.
Andrea, tu voudrais être musicien plus tard, comme Miguel. T’es-tu senti proche de Miguel par ce lien que vous partagez ?
Andrea : Je ne peux pas dire que je serai musicien plus tard, je n’en suis pas encore là. J’ai pu effectivement me mettre à sa place.
J’ai pourtant de la chance d’avoir des parents ouverts. Mon père est chanteur, ma mère est comédienne également, je grandis dans un milieu d’artistes.
L’idée que mes parents me privent de musique est horrible. La musique est un sentiment fort qui vient du cœur.
Quand on double ce genre de films, a-t-on l’occasion de voir la VO ? Si c’est le cas, est-ce une base de travail ou s’éloigne-t-on volontairement de la base de travail ?
Ary : On a eu le plaisir de voir quelques scènes doublées en Anglais, ça nous donne une petite voie et après, il faut justement s’approprier les dialogues et en faire complètement autre chose. C’est très important pour nous. Aujourd’hui, on ne peut pas se passer de la bande originale.
Que préférez-vous, le monde des vivants ou le monde des morts ?
Ary : On voit bien que le monde des ancêtres est très très beau, on se dit que si ça se passe comme ça, c’est tant mieux. Ça donne beaucoup d’espoir. On se dit même que les stars du monde des vivants sont les mêmes que là-haut !
Andrea : Ça donne de l’espoir de la vie après la mort. Je préfère le monde des vivants pour célébrer la vie.
Une autre chose intéressante, c’est le « monde de l’interdit ». Avez-vous eu des périodes de blocage ou votre famille vous a-t-elle toujours soutenu ?
Ary : Ma famille m’a toujours soutenu, ils sont venus me voir en spectacle. Mon père a toujours payé sa place pour venir me voir. Tout ça est très important. La famille est très importante dans ce film. Pour savoir qui on est, il faut savoir où l’on va… ou l’inverse. En tant qu’homme, on veut faire comme notre père ou ne rien faire comme notre père. On ne sera jamais indifférent à tout ça.
Comment devient-on doubleur quand on est enfant et comment se passe l’école après tout ça ?
Andrea : C’est un peu bizarre. A la base, ma mère ne pouvait pas me faire garder par des baby-sitters quand elle allait sur les plateaux de doublage alors elle m’emmenait avec elle. En la voyant, j’ai de suite adoré ça et j’ai dit au directeur de plateau que j’aimerais essayer et il m’a donné l’opportunité de le faire. Le doublage c’est une nouvelle passion dans ma vie, tout comme la musique.
A l’école, mes amis me soutiennent et c’est vraiment une aventure merveilleuse. Ça n’aide pas pour draguer, pourtant. La guitare, ou passer à la télé, ça aide beaucoup plus.
Avez-vous cherché à modifier votre voix ? Et combien de temps vous a pris le doublage ?
Ary : Une dizaine d’années (rire). Non, ça nous a pris quelques jours. La voix s’est imposée naturellement, j’ai eu envie de garder la mienne avec un petit timbre en plus. Ça a été un catalyseur pour la suite des séquences et les chansons m’ont beaucoup aidé aussi.
Andrea : J’avais plus de facilités pour Miguel car il me ressemble beaucoup. Il est musicien, il joue de la guitare comme moi et on partage le même âge.
Il est joyeux, pétillant, très déterminé à jouer de la guitare et de la musique en général. D’ailleurs, l’acteur original (NDLR : Anthony Gonzalez) chante très bien. Et puis, chanter en espagnol n’a pas été si difficile que ça étant donné mes origines latines.
Auriez-vous aimé doubler un autre perso de l’univers Pixar ?
Andrea : J’aime bien Woody de Toy Story mais je ne me voyais pas le doubler. Pas plus qu’Andy, d’ailleurs.
Ary : Je pensais à Là-Haut. Le papi (NDLR : Carl Fredricksen), il est formidable. Vous savez, après tout, peu importe : tous les films Pixar sont des films pour l’éternité.