Nous avons rencontré Cerise Calixte, la voix française officielle de Vaiana
Cerise Calixte est venue à Strasbourg à l’occasion du spectacle Disney en Concert qui a eu lieu le 22 décembre au Zénith. C’était l’occasion parfaite pour Fans Disney d’Alsace de la rencontrer et d’échanger avec elle sur son parcours et sa carrière.
Comment as-tu été approchée par Disney pour faire la voix de Vaiana ?
Cerise Calixte : J’avais commencé à faire du doublage et quand on fait cela, on va beaucoup sur plateau, on observe les comédiens, on donne son CV… J’ai donc commencé dans le doublage et j’ai rencontré la directrice artistique qui s’occupait des essais pour Vaiana, La Légende du Bout du Monde. Je les ai passés et après j’ai été choisie par Boualem Lamhene, le directeur créatif de The Walt Disney Company. Tout est ensuite passé par les Etats-Unis, c’est revenu en France et on m’a annoncé la bonne nouvelle. Il y a une très grosse sélection dès le début. Disney sélectionne beaucoup et on n’est pas beaucoup à passer les essais au final. Dans mon cas, il n’y a que ma voix qui a été envoyée aux Etats-Unis. C’est une grosse machine et c’est ce qui fait la qualité.
Je ne me rendais pas du tout compte au début que ma voix allait traverser les générations. Même moi, en famille, je me dis que mes enfants verront le film avec ma voix. J’ai eu la chance de recommencer cela il y a quelques semaines pour Ralph 2.0.
Combien de temps s’est déroulé justement l’enregistrement pour Ralph 2.0 ?
Cerise : Cela s’est fait sur deux demi-journées, parce qu’on était beaucoup. Les voix des princesses ont été réunies en même temps et c’est assez exceptionnel.
As-tu eu des libertés au niveau des textes ?
Cerise : Non, c’est imposé. Il y a un texte américain et une adaptation est faite. Après, si vraiment il y a quelque chose qui ne marche pas et que l’on s’en rend compte en le faisant, puisqu’on connaît toute la personnalité, on peut le dire. Chacune connaît très, très bien son personnage donc on sait pourquoi on dit telle ou telle phrase. On pouvait apporter quelque chose sur ce film mais comme c’est très bien fait en amont, nous n’avons rien besoin de changer.
Nous n’avons pas enregistré ensemble mais on était toutes présentes en même temps sur le plateau.
Combien de temps cela t’a pris pour enregistrer Vaiana ?
Cerise : Cela remonte un peu maintenant, mais je crois que cela a pris trois jours pour les chansons et quater jours pour la voix parlée. Je n’ai pas eu de préparation avant et je n’ai pas eu les textes en avance non plus. Il y a beaucoup de clauses de confidentialité et on ne peut rien recevoir en avance. Tout le travail se fait en studio. Cela se fait assez facilement en fin de compte car tout est préparé. Je n’avais pas Pour les Hommes à chanter avec Anthony Kavanagh, qui pour le coup a dû s’accrocher… Pour les paroles, on découvre le film au fur et à mesure. Quand on fait du doublage, on ne voit pas le film en entier mais Vaiana est présente dans toutes les scènes, toujours à cause de la confidentialité et parfois on comprend le film une fois sorti seulement. Les directeurs artistiques nous expliquent tout ce que l’on a besoin de savoir et on n’est pas lâché. De manière générale, on arrive sur le plateau et on a un pitch : « le film, c’est ça, ça, ça », « l’humeur est comme ça », l’ambiance, le personnage… on découvre la VO ensuite. Sur les gros films comme Vaiana, on la voit deux, trois fois et s’il faut la voir cinq fois on la voit cinq fois. Sur les séries, c’est une seule fois. Cela dépend du temps dont on dispose. Sur les films Disney, c’est un luxe et on a du temps.
Est-ce que c’était un rêve de travailler pour Disney ?
Cerise : Je n’ai jamais rêvé de chanter ou d’être la voix d’une princesse Disney. La magie Disney a fonctionné pour moi à mort. Je m’en rends compte très tardivement finalement. Enfant, je n’y pensais même pas et adulte, je ne me suis jamais dit que je pourrais être la voix d’une princesse. Je regardais les films avec mon âme d’enfant sans me demander qui était la voix derrière. Quand c’est arrivé, je me suis dit que si j’avais tilté avant, cela serait surement devenu un rêve.
Après, j’ai fait pas mal de spectacles à Disneyland Paris donc j’avais déjà bossé avec Disney même si ce n’est pas tout à fait la même entreprise. J’avais déjà un lien avec.
Dans quels spectacles as-tu travaillé à Disneyland Paris ?
Cerise : Disney Junior Live on Stage, où j’étais maîtresse de cérémonie. Je l’ai aussi fait pour Chantons la Reine des Neiges trois ans de suite. J’ai fait ça avant Vaiana et à partir du moment où j’ai fait le doublage, j’ai continué à le faire un peu mais ensuite j’ai eu moins de temps. Ça arrivait parfois que je sois reconnue sur le spectacle mais j’étais chanteuse et pas un personnage. J’ai fait beaucoup d’événements sur une journée et j’étais aussi à Mogador sur La Belle et la Bête. Je connais bien la famille Disney.
Est-ce que tu as un film préféré ?
Cerise : Aladdin, Le Roi Lion et La Belle et la Bête.
Est-ce que tu te retrouves dans le personnage de Vaiana ?
Cerise : Oui complètement, parce qu’elle est très persévérante. C’est mon cas aussi. J’ai fait beaucoup de comédies musicales où ce n’est pas facile car il y a peu d’élus. J’ai passé plein de castings, notamment pour le Roi Lion et c’était difficile. On nous appelle et on nous dit non : « Trop petite », « Trop grande »… Il faut donc s’accrocher. J’ai fait comme Vaiana et je suis remonté à chaque fois sur la barque. Les gens me disent que cela marche bien pour moi mais sur le nombre de castings que je passe, il n’y en a que très peu que je réussis. C’est le cas pour tout le monde. Je donne des cours et c’est ce que j’explique à mes élèves. Ce n’est pas qu’une question de travail, je sais qu’ils sont talentueux mais soit on correspond à ce que le réalisateur ou metteur à dans sa tête, soit ce n’est pas le cas et ce n’est pas grave. Pour Vaiana, c’est la première fois où je suis dans un rôle qui me correspond à 100%. Quand je doublais Belle à Mogador, c’était moi sur le plan du caractère, mais pas physiquement. Il y a toujours quelque chose qui ne correspond pas tout à fait mais pour là, c’est un combo d’un coup et tout s’aligne.
Il y a également un grand message écologique à travers Vaiana, dont la fin qui rappelle un peu Fantasia 2000 avec un propos très moderne.
Certise : Je vais beaucoup dans les écoles pour parler et on discute de mon métier, mais aussi de cela, de l’océan. J’ai eu la chance d’aller à Tahiti, donc de voir là-bas à quel point c’est important et ils préservent cela. A quel point les plus petits savent qu’il faut faire attention aux tortues, aux poissons, que l’on ne peut pas faire n’importe quoi avec le corail. J’étais halluciné de voir des petits de 6/7 ans déjà au fait de tout ça.
Tu éveilles comme ça les générations et les défis à venir, en plus de l’importance de la culture de chacun. Vaiana, La Légende du Bout du Monde met en avant un peuple assez inconnu en occident, avec son histoire, ses codes et ses croyances.
Cerise : L’équipe américaine a passé plusieurs semaines en Polynésie et a visité beaucoup d’îles. Ils ont rassemblé des légendes d’un peu partout et y ont ajouté la magie de Disney. C’est basé sur des légendes qui existent. Et quand je suis retourné là-bas la deuxième fois, j’ai compris que ça, c’était l’île de Te Fiti, on m’a dit que la grotte de Maui était là-bas. Disney s’approprie ensuite tout ça.
Tu es devenu également une ambassadrice de la culture polynésienne.
Cerise : Oui aussi ! C’est une culture qui m’a beaucoup marqué et touché, parce que c’est des gens qui sont extrêmement gentils, accueillants et à l’écoute ; très généreux aussi. C’est comme si le temps s’était arrêté là-bas. Ils sont à l’écoute des autres, de la Terre.
Pour finir, est-ce que c’est la première fois que tu viens en Alsace ?
Cerise : Non, en fait je viens assez souvent, puisqu’il y a une antenne de doublage ici et je viens travailler pour Arte. J’étais là il y a 3 semaines.
Toute l’équipe de Fans Disney d’Alsace remercie Guillaume de G1 Prod qui nous a donné la chance de réaliser cette rencontre et qui a organisé Disney en Concert au Zénith de Strasbourg !