Critique de Love, Simon, le film pétillant sur le coming-out

  • Réalisé par : Greg Berlanti

  • Bande Originale : Rob Simonsen

  • Durée : 1h50 min

  • Sortie en France le : 27 juin 2018

Simon, un adolescent américain, mérite une grande première histoire d’amour. Il a une vie normale, des amis extraordinaires, il est entouré d’une famille qui l’adore… mais il a un secret : personne ne sait qu’il est gay. Il communique en ligne avec Blue et tombe amoureux de lui. Son secret finit par être menacé et il s’embarque alors dans une aventure touchante qui le mettra face à de nombreuses épreuves.

Un scénario qui n’invente rien mais qui parvient à rester frais et à être intelligent !

Disons-le d’emblée : impossible de ne pas aimer Love, Simon. Loin d’être une évidence au début, il s’inscrit incontestablement dans les teen movies qui comptent et qui peuvent marquer une génération par son caractère enjoué, aux côtés de Garden State (Zach Braff, 2004) et Le Monde de Charlie (Stephen Chblosky, 2013).
Il reprend la structure des grandes romances adolescentes en lui donnant un caractère épistolaire qui rappelle d’autres films tels que Vous Avez un Message (Nora Ephron, 1999), Une Bouteille à la mer (Luis Mandoki, 1998) ou encore P.S. I Love You (Richard LaGravanese, 2007). J’en oublie d’autres mais le genre n’est pas neuf puisqu’il a été porté à l’écran depuis, au moins, Rendez-vous d’Ernst Lubitsch en 1940. Il obéit également à des codes classiques du teenage movie, représentant à sa manière une lecture simplifiée de la vie et du monde. Le genre tendait à devenir ronflant et pourtant, un petit miracle se produit et Love, Simon paraît finalement frais et original. Le film ne révolutionne ainsi pas le genre mais ce n’est pas là sa volonté.

Il s’agit par contre de la première fois qu’un grand studio américain traite une comédie romantique autour de l’homosexualité et avec une vraie légèreté. Greg Berlanti utilise alors tous les outils pour faire résonner son film à la génération Z, partageuse, créative et passionnée. Le propos s’inscrit dans la quête d’identité de Simon, l’histoire d’amour n’étant qu’une sorte de McGuffin qui lui permettra d’apprendre à s’assumer tel qu’il est. En utilisant les codes classiques du genre, en faisant finalement la même chose que les autres films, l’homosexualité de Simon est abordée comme une chose ordinaire. [Attention au léger spoiler] Ce n’est pas l’identité de Blue, que Simon souhaite percer, qui est le climat du film mais son coming-out d’une simplicité désarmante, sans mélo, au ton juste et parfaitement interprété. [fin du spoiler]

A traiter le sujet de façon aussi lumineuse, il tombe évidemment dans ses propres limites mais qu’importe, puisque la simplicité structurelle du film, sa joie de vivre, son énergie et son positivisme réchauffe le cœur des spectateurs. Qui plus est, les acteurs ont été parfaitement castés dans leurs rôles et se fondent dans les personnages qu’ils incarnent.

Une bande d’adolescents immédiatement attachants et sublimement interprétés

Le casting de Love, Simon est parfait. Chaque acteur compose et incarne son personnage à merveille, comme s’il s’agissait de lui-même. Aucun autre comédien n’aurait pu les interpréter à leur place.
Nick Robinson, le jeune acteur de 23 ans livre une performance fantastique épatante. Que de chemin parcouru depuis sa consécration pour le grand public dans Jurassic World en 2015 ! Candide et doux, il utilise le spectre large de ses talents pour mettre en scène la maladresse de Simon, en proie à ses doutes et à ses joies.

L’ensemble du casting est tout aussi réussi et chaque acteur, chaque personnage (malgré quelques clichés) apporte son édifice au positivisme que dégage le métrage. On retrouve ainsi Katherine Langford, fraîchement débarquée de la série phare de Netflix, 13 Reasons Why, qui incarne cette fois l’amie d’enfance de Simon. Que cela fait du bien de voir cette actrice, enfin rayonnante, dans un rôle sur-mesure, loin d’une Hannah Baker dépressive et torturée. Même si son personnage n’est pas le plus développé, il correspond au ton du film et permet de le construire. Cette remarque s’applique également à l’ensemble des autres acteurs, toujours justes dans leurs interprétations.

Deux mentions spéciales : la première pour Logan Miller, qui incarne Martin, un adolescent aussi énervant qu’attachant. Pour une fois, le rôle du tyran qui tente d’intimider ses camarades a un peu d’épaisseur et de consistance. Il a ses propres motivations, ses propres intérêts qui sont clairement expliqués et mis en avant dans le film. Même ce personnage, somme toute assez énervant, arrive à resplendir lors de scènes émouvantes. Il ne se résume pas au « méchant » de service et son écriture a fait preuve de finesse. A vrai dire, on finit davantage par l’aimer que le détester, malgré les tords qu’il commet. Alors, son pire ennemi n’est finalement plus que lui-même. Reste un enfant incertain de lui et d’une sensibilité à fleur de peau, qui s’exprime à travers des gestes qu’il finit par regretter.
L’autre mention spéciale est pour Josh Duhamel, le père de Simon, qui livre en une poignée de minutes une des scènes les plus fortes du film. D’une exécution simple, avec une mise en scène épurée, elle s’avère désarmante de sincérité.

Un film qui a du peps et qui met du baume au coeur

La bande originale est pour ainsi dire parfaite (oui, encore une hyperbole !). Portée par Rob Simonsen, habitué du genre, elle résonne aussi fragile et pure que les adolescents du film. Ses sonorités douces et cristallines portent le propos et affirment sa légèreté. On se sent littéralement plus léger en l’écoutant, comme si c’était elle la catharsis de Love, Simon. Elle est douce, calme, chaleureuse, relaxante et poignante aussi.
Greg Berlanti, le réalisateur (qui a commencé sa carrière en tant que scénariste pour Dawson’s Creek et qui produit actuellement Riverdale sur la CW) a quant à lui mis tout son talent pour sélectionner les chansons du film. On y retrouve en première position le groupe indie pop de New York Bleachers qui a signé quatre titres (plus un cinquième crédité au nom du leader) et pêle-mêle Amy Shark, Whitney Houston ou les Jackson Five. Aucune faute de goût, tout concorde pour faire de Love, Simon un futur classique !

Vous l’aurez compris : difficile de ne pas s’attacher à ce film touchant qui, je l’espère, va marquer un tournant dans l’acceptation de l’autre et dans la tolérance. Nous avons plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent et Love, Simon se concentre sur l’empathie que l’on devrait avoir les uns pour les autres.

Alors, on recommande Love, Simon ?

Love, Simon est un film à voir et il est impossible de ne pas l’aimer. Même s’il enfonce parfois des portes ouvertes, et qu’il peut à quelques occasions sombrer dans la facilité, sa bonne humeur, son positivisme et ses personnages font qu’il est impossible de rester de marbre. Digne successeur des classiques du teen movie, il ne commet aucune faute réelle dans son écriture et dans son propos. Nul doute qu’il deviendra une référence pour une génération d’adolescents.

[yasr_overall_rating]

On a aimé

  • Les personnages : Simon surtout, mais les autres aussi !

  • Un beau message, positif et empathique

  • La musique du film et le choix des chansons

  • Un film qui fait chaud au coeur !

On n’a pas aimé

  • Quelques facilités dans le déroulement du scénario…

  • …et quelques clichés aussi, mais nécessaires pour rendre le propos limpide.