Coco, une aventure humaine au pays des morts

  • Réalisé par : Lee Unkrich et Adrian Molina

  • Bande Originale : Michael Giacchino, avec des chansons de Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez, Germaine Franco et Adrian Molina

  • Durée : 1h49 min

  • Sortie le : 29 novembre 2017

Le nouveau Disney-Pixar fleure bon le Mexique et pour cause, celui-ci nous emmène en musique (et quelle musique !) fêter le célèbre « Día de los Muertos ». Depuis 1 an et demi, Pixar n’avait proposé que des suites à ses célèbres films (un Monde de Dory sans grand risque et un Cars 3 largement mieux maîtrisé que le deuxième opus). C’est avec un nouveau film original et salutaire que les studios californiens nous reviennent pour la seconde fois en cette année 2017.

J’ai passé un long moment après la projection dans les locaux de Disney France à me demander ce que je pourrais bien reprocher à ce nouveau film d’animation et autant être franc, la réponse est : pas grand-chose.

Miguel, jeune garçon mexicain passionné de musique, fan numéro 1 du célèbre Ernesto de la Cruz (sorte de Luis Mariano pixariesque) ne peut assouvir sa passion démesurée pour la guitare à cause de sa famille. Un différend familial vieux de plusieurs décennies a banni la musique de manière définitive de leur existence. Contraint de suivre la voie familiale à grands coups de pompe, Miguel prend le taureau par les cornes et décide de se rebeller contre la famille pour jouer à un grand festival organisé par sa ville. Maudit, il se retrouve propulsé dans le royaume des morts dans lequel il devra obtenir la bénédiction de ses ancêtres pour rentrer chez lui. Commence alors un long périple pour avoir la chance de pouvoir rencontrer son idole et ancêtre Ernesto de la Cruz et obtenir de lui son billet de retour.

Une histoire simple mais maîtrisée

Commençons par le commencement. Moins connu dans nos contrées, « Día de los Muertos » sonne comme une alternative plaisante à notre Toussaint nationale. Festif, enjoué mais aussi rempli de tradition, il est une sorte de mélange entre notre fête européenne et celle plus américaine de Halloween. En soit, il s’agit du postulat parfait pour une histoire made in Pixar. Déjà dépeint dans le très bon La Légende de Manolo de Guillermo Del Toro, Coco n’en est pour autant pas une pâle copie, bien au contraire.

Après une scène d’introduction magnifiquement animée présentant le contexte familial dans lequel Miguel évolue, on nous présente la famille de celui-ci préparant la célébration à venir. Miguel, notre héros, rêve de musique et il est prêt à tout pour réaliser son rêve, à l’instar de son idole, quitte à abandonner l’héritage familial. Ce postulat simpliste en apparence permet tout au long du film d’explorer de nombreuses questions que l’on s’est tous posées au moins une fois.

Coco, c’est aussi un bestiaire complet du jour des morts et une déclaration d’amour au Mexique et de ses traditions. Et ce n’est surement pas pour rien que le film est devenu le plus gros succès pour un film d’animation là-bas.

Prenant le temps d’installer les personnages et sa trame, l’histoire n’est clairement pas là pour nous surprendre mais pour nous faire voyager au-delà de la mort, dans un pays coloré mais également dans notre être profond à la recherche de notre héritage et nos sentiments.

Un Poco Loco

Pixar dépeint une nouvelle fois des personnages passionnants, on les croirait réels tant leurs sentiments sonnent juste.

Abuelita est la représentation parfaitement caricaturale de la grand-mère sud-américaine (d’ailleurs, Abuelita signifie mamie en espagnol). Grande prêtresse matriarcale de la famille, c’est elle qui marque les esprits dans le monde des vivants à l’instar de sa grand-mère Imelda dans le monde des morts. Grande râleuse, fille et grand-mère aimante, elle se donne corps et âme pour garder la famille dans son giron pour faire perdurer l’héritage de sa Mamá Imelda. Miguel est, pour sa part, plutôt classique dans l’univers Disney, mais aussi juste dans sa manière d’être un enfant. Il évolue tout au long du métrage pour mieux comprendre ses origines alors qu’il les rejetait au début puis finit par les embrasser après moult péripéties.

Aucun personnage n’est laissé de côté. Y compris le rôle d’un personnage en apparence anecdotique, quasiment muet, qui donne toute la substance (et la raison d’être, au film). Nous ne vous en dirons pas plus pour ne rien vous dévoiler, mais il s’agit de l’un des personnages les plus touchants que Pixar ait mis en scène, avec une vraie finesse d’écriture et une sensibilité à fleur de peau.

Côté pays des défunts, les protagonistes ne sont pas en reste. Les personnages semblent, paradoxalement, aussi vivants que les vivants. Hector, derrière son coté fanfaron, possède une grande mélancolie et une profonde tristesse pour sa position. Mais ça ne l’empêche pas de profiter de sa mort. Il joue régulièrement avec les os de son squelette, ce qui lui donne un côté marionnette, digne des grands opéras italiens.

On notera également une propension à donner corps aux légendes mexicaines par l’utilisation des Alebrijes (sortes de totems mexicains) en leur donnant vie et couleurs dans le monde des morts. Même Frida Khalo, figure éminente de la peinture mexicaine, fait son petit effet lors de ses nombreuses apparitions amusantes.

Il ne faudra pas oublier la présence de Dante, chien loufoque sans poils qui passe le film aux cotés de notre héros Miguel. Véritable ressort comique du film avec sa langue bien trop longue pour sa gueule, sa manière de se comporter est elle aussi parfaitement maîtrisée dans le film.

La mort lui va si bien

Esthétiquement, on pourrait revenir en détail sur les évolutions des techniques d’animation 3D depuis sa création mais ce ne serait là que perte de temps. Oui, Coco est beau, l’animation des vivants comme des morts qu’on croirait vivants est parfaite. Le paysage mexicain est tout bonnement éblouissant mais là où Lee Unkrich réussit son pari, c’est de nous montrer le pays des morts flamboyant. On reste bouche bée devant tant de détails dans l’architecture du monde coloré des défunts.

L’ambiance sonore est elle aussi magnifique. Michael Giacchino nous livre une partition aux tonalités mexicaines dansantes. On se surprend plusieurs fois à taper du pied et une envie irrépressible de se déhancher sur la musique se fait parfois forte. Petit bémol néanmoins si vous appréciez des Pixar sans variété Disney, vous serez déçus. En effet, quelques chansons purement Disney ponctuent le film. Écrites par ceux qui nous ont livré Libéré Délivré, ces chansons qui restent en tête ne polluent en rien le film et viennent soutenir le propos.

Alors, on recommande Coco (2017) ?

Absolument et avec un énorme OUI. Je n’attendais pas grand-chose de Coco pour être sincère. J’attendais le film comme on attend un nouveau Pixar. Et le studio nous sort un grand film d’animation, encore plus grand que Vice Versa, encore plus émouvant que Toy Story 3.
Un hymne à la famille et l’acceptation de son héritage. Éblouissant visuellement, drôle comme il faut, tendre et émotif sans tomber dans le mélodrame. On tient là l’un des meilleurs Pixar, le meilleur film d’animation de 2017 et peut-être même de ces dernières années.

On a aimé

  • La justesse de sentiments

  • Un hymne à la famille

  • Des personnages parfaitement écrits, fins et touchants

  • Une ambiance parfaitement maitrisée et très créative

  • Une bande originale et des chansons inoubliables

On n’a pas aimé

  • Le déroulement du scenario est plutôt classique

  • Et c’est tout !