Critique de Black Panther, le nouvel arrivant dans l’écurie Marvel
Réalisé par : Ryan Coogler
Bande Originale : Ludwig Göransson
Durée : 2h14
Sortie en France le : 14 février 2018
Première production de 2018 et dix-huitième film Marvel, les studios parient sur un super-héros moins emblématique mais tout aussi iconique pour entamer l’année avant sa méga-super production à venir en avril, Avengers : Infinity War.
Après les événements de Captain America: Civil War où nous avons fait la connaissance du futur roi du Wakanda, cité technologiquement avancée et totalement fictionnelle au cœur de l’Afrique, T’Challa (Chadwick Boseman) retourne chez lui pour se faire couronner.
Cependant, sa position et ses pouvoirs seront bientôt défiés quand deux ennemis, Ulysses Klaue (Andy Serkis) et Erik Killmonger (Michael B. Jordan), conspirent afin de détruire sa nation. A moins que de plus profondes aspirations ne soient à l’œuvre pour détrôner Black Panther. Il devra s’allier à l’agent de la CIA Everett K. Ross (Martin Freeman) afin d’éviter que le pays ne soit responsable d’un conflit mondial.
Un projet de longue date
Prévu de longue date par Marvel, à l’époque, Black Panther aurait pu être campé par Wesley Snipes. Ce n’est finalement qu’en 2013 que Kevin Feige explique que la production se fera grâce à l’intégration d’éléments scénaristiques, comme le vibranium, renvoyant à l’univers de Black Panther dans les futures productions du studio. Ainsi, Ulysses Klaue apparaîtra dans le deuxième volet des Avengers et enfin Chadwick Boseman enfilera le costume de la panthère noire dans le troisième épisode de Captain America. Le film sera également l’occasion de confronter le héros à l’agent Everett K. Ross, personnage joué par Martin Freeman.
Le film tient-il toutes ses promesses ? Allons-nous pouvoir compter sur une nouvelle franchise développée par les studios Marvel ?
Ce film souffle le chaud comme le froid. Efficace comme toujours chez Marvel, il reste cependant très prévisible. Film unitaire qui pourra très bien fonctionner à part de l’univers étendu du MCU, il porte assez peu les liens avec les autres superproductions de la maison des idées. Un casting cinq étoiles, des femmes enfin fortes dans un film Marvel, un méchant iconique aussi intéressant que Loki, l’histoire, elle, reste assez peu originale au final et ne prend pas beaucoup de risques.
Une histoire déjà vue mais efficace
Vous ne pourrez vous empêcher pendant toute la durée du film de voir un remake live avec des êtres humains du sublissime Roi Lion. Certaines scènes sont carrément une transposition réelle de plans du célèbre dessin animé. Une histoire de traditions, d’héritage, de spiritualité, Black Panther doit à Hamlet une grande partie de son scénario.
Le film nous retrace quelques éléments de l’arrivée sur le trône de T’Challa après les événements de Captain America : Civil War et de l’attentat à la bombe qui coûta la vie à T’Chaka, père du futur Black Panther lors d’une assemblée des Nations Unies à Vienne.
Le long métrage repose d’ailleurs énormément sur la bataille pour le trône du Wakanda, de son ouverture sur le monde qui l’entoure et la légitimité du nouveau roi. Sans trop vous en dévoiler, peu de choses se déroulent ailleurs qu’au cœur de la nation africaine fictionnelle.
Si l’histoire n’a rien d’original, les éléments politiques et spirituels servent beaucoup le film. Ce qui en fait, de facto, un Marvel de qualité et peu similaire aux précédentes productions. Moins connecté aux autres films, il est à l’image même de ce que l’histoire nous donne à voir du Wakanda, un pays renfermé, qui ne désire pas s’ouvrir au monde, au risque de déstabiliser les autres nations. Peut-être faut-il y voir un parallèle, de peur de se différencier trop des autres films. Moins d’humour, en tout cas, il reste subtil et semble plus adulte que celui de Thor : Ragnarok ou des Gardiens de la Galaxie Vol.2.
Un film « Girl Power » made in Marvel
Encore une fois, Marvel nous sert des personnages emblématiques et forts.
Enfin, il nous donne des personnages féminins à la hauteur. Les comics nous présentaient déjà des femmes fortes, indépendantes et guerrières, il est évident ici que le réalisateur souhaitait garder cet élément fort, d’autant plus avec tout ce qui a pu se passer depuis que la parole s’est libérée à Hollywood et partout dans le monde.
Letitia Wright est juste parfaite en Shuri, elle campe la sœur de Black Panther. Chaque scène qu’elle partage avec Chadwick Boseman est drôle et impertinente. Scientifique drôle, charismatique, ingénieuse et forte, on a déjà hâte de la revoir dans les futures productions.
Les performances de Lupita Nyong’o (Nakia) et Danai Gurira (Okoye) sont aussi à mettre dans la balance. Il faut compter avec elles. Leurs scènes d’action emportent le public dès le début et on apprécie chacune de leurs apparitions.
Qu’en est-il du héros qui prête son nom au long métrage ?
Chadwick Boseman fait le job en Black Panther. Il a cette prestance et ce charisme exigé pour le rôle d’un monarque. Toutefois, beaucoup de personnages sont capables de lui ravir le haut de l’affiche. C’est ce qui est compliqué quand beaucoup de personnages forts sont au cœur d’un même film. Difficile de ne voir que lui et c’est sûrement mieux ainsi.
Pour ma part, j’ai énormément apprécié Andy Serkis. Il prête une folie délicieuse à Ulysses Klaue et en fait un méchant secondaire assez simple mais très efficace. Bien plus intéressant que dans Avengers : l’Ere d’Ultron. Pour ce qui est de l’antagoniste de ce film, Erik Killmonger, Michael B. Jordan donne un personnage tellement profond. Il est bien plus qu’un simple méchant qui veut détruire le monde; ses aspirations sont beaucoup plus profondes et complexes. Il arrive à la hauteur de Loki dans le top des méchants de Marvel.
Une réalisation aux petits oignons
Même si le film est beau et donne à voir un Wakanda technologique plutôt bien représenté, des scènes oniriques plutôt bien faites, la réalisation est un peu molle et manque de rythme à certains moments. Les combats manquent cruellement de chorégraphie et certains semblent assez brouillons.
Le ton sonne assez juste néanmoins. L’humour, finement distillé, ne vient pas gâcher la profondeur de certains passages nécessaires à l’accomplissement du destin des héros. La musique ethnique donne une ambiance sonore plutôt sympathique malgré une bande originale assez peu intéressante et pas forcément mémorable.
Alors, on recommande Black Panther ?
Sans aucun doute, OUI. Nouveau venu dans le MCU, Black Panther sait tirer son épingle du jeu. Le film réussit à nous donner des personnages profonds malgré une histoire peu originale et assez conventionnelle. Si vous aimez Le Roi Lion, vous serez ravi. Beau et esthétique mais pas forcement éblouissant, le film pâtit de quelques soucis de réalisation. De plus, les costumes sont magnifiques. Marvel tente après dix ans de donner d’autres thèmes plus profonds à son film et autant être franc, ça marche. Moins potache, la politique et le spirituel donnent une direction bien différente à cette production.
On a aimé
Un nouveau héros
Le pouvoir aux femmes !
Un méchant parfait dans son rôle
Une tonalité fine et bien pensée
On n’a pas aimé
Un rythme en dents de scie
Des combats mal chorégraphiés
Prévisible comme souvent chez Marvel
Peu de liens avec les autres productions liées au MCU