Critique d’Avengers : Endgame, le chef-d’œuvre de Marvel Studios

  • Réalisé par : Anthony et Joe Russo

  • Avec : Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Chris Hemsworth, Scarlett Johansson, Jeremy Renner…

  • Bande Originale : Alan Silvestri

  • Durée : 3h02 min

  • Sortie en France le : 24 avril 2019

La sortie d’Avengers : Endgame est une date à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du cinéma. Il est l’aboutissement de onze ans de travail acharné ayant donné vie à vingt-deux films connectés dans un univers cohérent, méticuleusement façonnés par l’inspiration puisée dans les comics de Marvel. Cette sérialisation unique a vu sa conclusion débuter dans Avengers : Infinity War et s’achève dans ce volet exceptionnel.
Disons-le tout de go : Avengers : Endgame n’est pas seulement le monument annoncé que tous les fans attendaient, mais il est aussi un véritable chef-d’œuvre. Cette fresque gigantesque chamboule les codes à chaque instant et amène le spectateur de surprises en surprises tout en redéfinissant et approfondissant les personnages que l’on pensait déjà bien connaître, jusqu’au final inéluctable qui parachève une transformation profonde, autant à travers les yeux du spectateur que de la grande saga du Marvel Cinematic Universe.

Attention, des éléments de l’intrigue seront dévoilés dans cette critique, nous vous déconseillons de la lire si vous n’avez pas encore pu voir le film.

Avengers : Endgame est l’épopée de super-héros par excellence

Les personnages de Marvel appartiennent à des catégories de héros qui renvoient au concept du monomythe développé par Joseph Campbell à la fin des années 1940. Essentiellement, il s’agit d’un archétype narratif parfait, qui existe depuis la nuit des temps et qui vient appuyer l’histoire de nombreux mythes et légendes.

Ce schéma est divisé en trois temps :

  1. Le héros part à l’aventure,
  2. Il doit faire face à une crise majeure et en sort victorieux,
  3. Il revient chez lui transformé ou changé.

Lors de son épopée, le super-héros bénéficiera d’une aide surnaturelle, fera la rencontre d’un mentor qui le guidera dans sa quête et l’aidera à prendre des décisions (parfois morales) pour faire face à des menaces qui le changeront profondément.

Cette structure a été employée de nombreuses fois au cinéma, dont George Lucas lors de l’écriture de Star Wars : Un Nouvel Espoir ou dans la littérature de J. R. R. Tolkien, et représente l’unification de nombreux mythes dont celui de Buddha, de Moïse ou même du Christ d’après Campbell.

Marvel Studios a inscrit ainsi les trois phases du MCU, maintenant unifiées sous le nom de Infinity Saga, pile dans ces trois temps. Pour de nombreux héros, citons ici Iron Man, Captain America, Black Widow, the Hulk et même Hawkeye, Endgame offre ainsi la phase de transformation tant attendue qui va sceller définitivement leur statut et leur destin. Étalé sur plus d’une décennie de chapitres, nulle surprise à ce que cette conclusion soit à proprement homérique.

La transformation des super-héros

Alors que le titan Thanos a décimé la moitié de la population de la galaxie dans la conclusion d’Avengers : Infinity War, les Avengers refusent de baisser les bras et trouvent grâce à Scott Lang une solution pour annuler les actions des pierres de l’infini. L’objectif : récupérer les gemmes dans le passé et faire revenir leurs amis disparus.

Grâce à ce passe-passe scénaristique aussi ingénieux que risqué, les super-héros revisitent alors leurs épreuves passées dans une aventure humaniste surprenante. La phase de transformation de la théorie du monomythe a ainsi lieu sous nos propres yeux. En se référant aux anciens films de la saga, on retrouve et se remémore les personnages tels qu’ils étaient à leur début, avec leurs problèmes et leur dualité. Les pouvoirs passent au second plan et les Frères Russo, brillant duo de réalisateurs qui en sont à leur quatrième film pour Marvel, proposent d’observer un miroir de la saga qui s’intéresse bien davantage à l’humain qu’au super-héros à proprement parler.

Si le monomythe a été décrié de nombreuses fois, étant jugé peu progressiste et finalement despotique, Marvel Studios a su le moderniser profondément : multiplicité des ethnies et des origines (avec des héros épiques, tragiques ou modernes), relents de féminisme (et donc d’humanisme), dépoussiérage des mythes…
On pourrait également lui reprocher un schéma répétitif et ennuyeux qui ne propose que de compter la même histoire sous d’autres formes à chaque fois. C’est d’ailleurs précisément ce que mettent en avant les détracteurs de la Maison aux Idées. Ce n’est pas avec Endgame qu’ils vont finalement changer d’avis et les réalisateurs se sont bien abstenus de tenter de le faire.
On s’adresse ici aux fans et aux spectateurs qui ont vu les précédents opus, dans une conclusion ô combien satisfaisante, comme une récompense pour les heures passées devant la toile. Le film est plein de clins d’œils jubilatoires, avec des références à de très nombreux éléments clés de l’Infinity Saga. Ce miroir nostalgique nous permet de voir tout le chemin parcouru depuis onze ans avec une forme de satisfaction rarement atteinte au cinéma. Les personnages bouclent ainsi leurs histoires personnelles laissées parfois ouvertes dans leurs films solos. Les réalisateurs ont choisi d’approfondir leurs caractères avant de les iconiser dans une dernière bataille homérique.

Le retour des super-héros

Et quelle bataille ! Elle ne sonne pas juste comme la conclusion de la phase 3, mais elle est la somme de tous les films. Chaque super-héros, chaque personnage, a en effet droit à son petit moment de gloire. Preuve en est que les réalisateurs connaissent les personnages sur le bout des ongles, et même si leur temps de présence à l’écran reste parfois limité, il suffit d’une fraction de seconde pour les reconnaître tous instantanément. Épique, grandiose et prenante, la troisième partie du film laisse le spectateur scotché sur son siège. Elle est l’apothéose narrative du film, qui ne pouvait en effet mener qu’à ce moment, là où se déchaîne la puissance des antagonismes et où converge le climax du MCU depuis maintenant onze ans. Peu de sagas réussissent cette fusion entre action et émotion et Avengers : Endgame le fait avec une facilité déconcertante. Après s’être apprivoisés dans la phase 1 et s’être déchirés au début de la phase 3 dans Captain America : Civil War, les Avengers se retrouvent et se rassemblent enfin en tant qu’équipe soudée face à la menace extra-terrestre personnifié par un Thanos plus déterminé que jamais.

Les super-héros reviennent en effet plus unis que jamais, prêts à partager en tant qu’équipe ce qu’ils ont appris de leurs périples : la sagesse, la force, l’humanisme.
Ce morceau de bravoure est à couper le souffle tant son orchestration est rondement menée. Chaque plan est millimétré, chorégraphié avec précision et livre des images marquantes en alchimie avec les comics dont il s’inspire.

Et après cette maestria technique vient le temps du repos des braves, quand ils acceptent leur destin et font face à leur choix. Nous avons vu des personnages imparfaits pendant une décennie, puissants certes, mais profondément humains. Si des plaies restent à panser, ils finissent enfin par s’accepter comme tels et une forme de sérénité conclut leurs arcs respectifs. Certains évoluent, certains se sacrifient, certains saisissent une chance pour mener une vie plus rangée… mais tous finissent en héros ; libres de vivre sans regretter leur passé ou transcendés et capables de se détacher de leurs limitations personnelles.

En inscrivant Avengers : Engdame et tout le MCU à travers le monomythe, les Frères Russo ont écrit une fresque aussi mémorable que les autres sagas intemporelles du cinéma et de la littérature.
A travers les enseignements des mythes et chimères de l’humanité, ils ont écrits une nouvelle légende qui sera transmise de génération en génération et dont les plus âgés pourront dire avec fierté : “J’étais là quand Avengers : Endame est sorti”. Les super-héros sont les protecteurs de notre liberté et de nos espoirs, preuve que nous avons besoin de figures fortes dans une société en mal de références ; ils sont des guides spirituels dont on peut tirer des codes de conduite pour s’améliorer et devenir meilleurs ; ils sont des références essentielles et des manifestations sociales de notre société contemporaine.

Dois-je aller voir Avengers : Endame ?

Oui, tant il redéfinit sans cesse le genre et bouscule les codes du blockbuster hollywoodien. Mais il serait criminel de le voir seul sans profiter des autres opus dont il est la conclusion. Avengers : Endgame est un chef-d’œuvre que l’on ne peut qu’apprécier après avoir vu les films précédents. C’est un cadeau pour les fans et pour les spectateurs qui ont vibré pendant une décennie. C’est une conclusion parfaite puisqu’il ferme les arcs narratifs des personnages historiques et prépare subtilement la voie pour les prochains films à venir.

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On a aimé

  • Une conclusion épique et jouissive pour les fans de Marvel Studios

  • Le déroulement du scénario est surprenant et réserve son lot de moments chocs

  • L’iconisation des super-héros

  • La bataille finale, épique et jubilatoire

On n’a pas aimé

  • il vaut mieux avoir vu une majorité de films du MCU pour apprécier Endgame à sa juste valeur