Critique des plus petits des super-héros : Ant-Man et la Guêpe

  • Réalisé par : Peyton Reed

  • Bande Originale : Christophe Beck

  • Durée : 1h58 min

  • Sortie en France le : 18 juillet 2018

Scott Lang (Paul Rudd à l’écran) revient sur les écrans 3 ans après son origin story sortie en 2015 et 2 ans après les événements de Captain America : Civil War. Derrière la caméra, le réalisateur Peyton Reed rempile et trace à nouveau son chemin sur les cendres des travaux d’Edgar Wright qui avait donné la tonalité si particulière à ce super-héros pas tout à fait comme les autres. Ant-Man confirme à nouveau sa place dans le MCU : plus léger, plus décalé et plus humain aussi. Si la surprise n’est plus là et que le film est parfois paresseux, le charme finit tout de même par opérer.

Ant-Man et la Guêpe est une respiration nécessaire pour le MCU, malgré des enjeux modestes

Après les événements de Civil War, Scott Lang se retrouve, flanqué d’un bracelet électronique, assigné à résidence. Il profite de sa peine de deux ans pour se racheter une conduite, surtout aux yeux de sa fille qui l’idolâtre, et se comporte comme un vrai père modèle. Sa vie est organisée autour de routines, jusqu’au jour où il se fait embarquer de force par Hope Van Dyne, alias La Guêpe, pour rechercher sa mère coincée dans le monde quantique, que l’on entr’aperçoit dans le premier volume.
Comme une parenthèse aux derniers événements du MCU, le film débute ainsi après l’intrigue de Captain America : Civil War et juste avant les dernières aventures d’Avengers : Infinity War.

Comme son modèle, les enjeux d’Ant-Man et la Guêpe sont plus modestes et en marge du Marvel Cinematic Universe : le personnage ne va chercher à protéger l’univers mais agira en tant que soutien dans la quête de la famille Pym qui a besoin de lui. Peyton Reed exploite à nouveau l’une des caractéristiques qui différencient le personnage de ses homologues super-héroïques : il ne provoque pas les situations mais les subit, en se retrouvant toujours là où il ne devrait pas être… Il ne suit pas sa propre quête, mais celle d’un autre, avant de finalement l’embrasser lui-aussi. Ce propos plus humaniste donne un caractère plus accessible au personnage que ses pairs.

Cela tombe bien, puisque le scénario est également plus simple que les autres films de super-héros. Il se contente de suivre un chemin tout tracé, sans chercher à tout prix l’originalité, comme une extension au premier volet (oubliez le changement de ton qu’il y a par exemple dans chaque volume de la saga Thor ou Captain America). On y retrouve l’esprit du film de casse, de course-poursuite, de fuite… Les enjeux sont limités aux problèmes personnels des différents protagonistes. Le ton est plus léger et l’humour caractéristique au MCU s’y prête parfaitement, de manière plus équilibrée et naturelle que Thor : Ragnarok. Il n’y a pas de surprise, mais cela se regarde sans déplaisir, surtout après Avengers : Infinity War auquel il contraste totalement. Alors qu’on retenait notre souffle à la fin des événements tragiques de ce dernier film, Ant-Man et la Guêpe est une respiration nécessaire qui vient faire baisser la pression avec des enjeux plus légers. Ce choix de raison justifie le manque d’envergure du scénario qui, à défaut d’être transcendant, saura faire son job de manière très efficace.

Des personnages humains et accessibles

Paul Rudd incarne toujours avec autant de candeur Ant-Man. Son ton désabusé, distant et pince-sans-rire lui sied à merveille. S’il n’a pas le charisme d’un Iron-Man, il arrive indubitablement à insuffler une vraie touche de réalisme à son super-héros. Le spectateur se sent très proche de lui tant ses préoccupations sont les mêmes que celles de monsieur Tout-le-monde. Evangeline Lilly, alias La Guêpe, passe cette fois au premier plan. Elle rejoint les rangs des femmes fortes de Black Panther, Black Widow et bientôt de Captain Marvel et montre à nouveau que le studio comprend les enjeux contemporains en surfant sur le féminisme et la diversité. Comme digne héritier des derniers films de Marvel Studios, les femmes ont une place forte et des rôles pivots dans cet opus. Si La Guêpe originelle, Janet Van Dyne (Michelle Pfeiffer), apparaît dans un premier temps comme le rôle de la femme en détresse qu’il faut sauver, le récit ne tombe nullement dans ces clichés et prend finalement une autre voie. Ce sont en réalité elles qui font avancer le récit et c’est assez plaisant de voir les personnages masculins leur servir au final presque de faire-valoir.

On retrouve toutes les figures du premier volet : Michael Douglas revient dans le rôle de Hank Pym en tant que cerveau du groupe, avec quelques pointes d’originalité qui approfondissent son histoire (et qui permettent de montrer à quel point la technique de rajeunissement à l’écran est devenue bluffante !) et Luis
(Michael Peña), le meilleur ami de Scott Lang, répond à nouveau à l’appel comme la touche d’humour du film.

C’est du côté des antagonistes que la surprise se trouve réellement : Ghost, Hannah John-Kamen devant la caméra, qui a le pouvoir de traverser la matière, est un personnage intéressant à plus d’un titre. Ce n’est pas une méchante à proprement parler et elle suit un objectif personnel aussi, qui ne va pas dans le sens des héros. On ne retrouve pas l’habituel manichéisme dont Marvel nous a souvent habitués tandis que l’on sent clairement que la phase 3 du MCU est celle de la maturité pour Marvel Studios, qui ose sortir des sentiers battus en corrigeant les errances des premiers films. On ne retrouve ainsi plus le sempiternel schéma du bien contre le mal et on ressent une réelle empathie pour Ghost.

Ant-Man et la Guêpe revêt des allures de buddy movie, car il axe sa dynamique sur le principe des duos : Ant-Man / La Guêpe, Hank Pym / Janet Van Dyne, Ghost / Bill Foster… Le binôme composé de La Guêpe et d’Ant-Man est électrique : les deux personnages s’apprivoisent et ils ne se font pas totalement confiance l’un et l’autre. On ressent l’évolution des deux personnages à mesure que l’intrigue avance et un lien naturel se crée entre eux.
Cette structure organique dynamise les échanges et relance sans cesse le rythme du film, comme un grand-huit dont on connaît le circuit par cœur mais dans lequel on continue d’embarquer à cause de ses petites surprises que l’on redécouvre sans cesse.

Le film mise sur l’efficacité avant tout

Musicalement, la bande-son est discrète et marque bien l’action. On note une originalité sur son mariage avec des titres plus punk et hip-hop, mélange entre les années 70 et contemporaines, qui appuient l’ambiance de film de braquage avec une touche moderne. Le thème ne marque pas vraiment et ne laisse pas de souvenir, se contentant d’appuyer l’action quand nécessaire.

Du point de vue technique, le film joue avec les échelles de manière saisissante en multipliant les réductions de tailles et les agrandissements. Vous vous souvenez du combat Ant-Man vs. Yellowjacket sur le circuit de train électrique à la fin du premier volet ? On y retrouve le même fun dans de très nombreuses scènes et on sent que le réalisateur s’est amusé à les mettre en scène. Réellement décalées, les séquences de courses-poursuites sont les plus belles réussites du film, avec des trouvailles visuelles qui les rendent désopilantes. On prend un malin plaisir à attendre chaque délire, comme si l’on était en train de déballer plein de cadeaux sous le sapin de Noël.

Les effets spéciaux ne sont pas toujours parfaitement réussis et donnent souvent une sensation artificielle, mais tant mieux ! Comme le premier volume, cela appuie encore sur le côté un peu bricolé. On croirait jouer avec nos propres personnages en plastiques, auxquels on leur ferait vivre mille histoires sans queue ni tête : des G.I. Joe aux prises de distributeurs de Pez géants, des Hot Wheels qui se tirent la bourre… On déplace les bâtiments à notre guise selon les besoins de notre imagination, on utilise des personnages dont les dimensions n’ont aucune importance… Ce patchwork nous remémore avec plaisir nos jeux d’enfants, lorsque l’on ouvrait notre boîte à jouets pour y piocher figurines et accessoires improbables et fabriquer une histoire de convenance. Ant-Man et la Guêpe est au final comme une cure de jouvence qui rappelle au spectateur de ne jamais oublier de s’amuser.

Alors, on recommande Ant-Man et la Guêpe ?

Oui, on recommande Ant-Man et la Guêpe, un film plaisant, qui ne réinvente pas la formule, mais qui sort à point parmi les blockbusters estivaux. Son humour et son capital sympathie permettent de passer un bon moment, malgré le manque de prises de risque. On n’y retrouve pas la fraîcheur du premier volume, mais ce patchwork de situations improbables fonctionne à nouveau et on ne s’en lasse pas. Plus que jamais dans le MCU, les personnages féminins tiennent la dragée haute et brillent à l’écran, preuve en est que Marvel sait être à l’écoute de son public et se positionne définitivement comme le studio le plus moderne d’Hollywood.

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On a aimé

  • Ghost, une méchante qui n’en est pas vraiment une

  • Le fun du film et son côté totalement décalé

  • Marvel Studios sait être habile et malin dans l’utilisation de ses héros féminins

  • La scène mid-générique

On n’a pas aimé

  • La scène post-générique (que l’on voit dans la bande-annonce !)

  • Peu d’originalité et de prises de risque