Peter et Elliott Le Dragon, remake ou nouveau film ?

Entre les deux versions de Peter et Elliott le Dragon, 39 ans se sont écoulés. Cette version de 2016 est avant tout une histoire qui parlera aux trentenaires, citant au passage les films Amblin, et surtout ceux de Spielberg, des années 80. Sous des allures de film indépendant, qui ressemble plus à ceux présentés à Sundance qu’à un film purement Disney, se cache un trésor de simplicité et de naïveté qui ne peut pas laisser indifférent. C’est peut-être ce que le public de 2016, pourri-gâté par un cinéma pop-corn remplis de blockbuster, avait besoin.

Un remake qui a la saveur d’un film d’auteur

M. Meacham (Robert Redford : La Poursuite Impitoyable, L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, vu également il y a peu dans Captain America : Le Soldat de l’Hiver…) est un sculpteur de bois, avide conteur d’histoire, qui aime raconter aux enfants de son village sa rencontre avec un dragon féroce qui vit dans la forêt. Pour sa fille, Grace (Bryce Dallas Howard : Le Village, Spider-Man 3, Jurassic World), il ne s’agit que d’une chimère et elle ne porte aucun intérêt à cette fable. Mais le jour où elle trouvera Peter, un enfant qui vit dans les bois, elle ne tardera pas à voir les choses autrement.

Peter et Elliott le Dragon est le remake du film de Don Chaffey réalisé en 1977. Disons le d’emblée, le plus grand point commun entre ces deux versions ne repose que sur son titre. Le scénario, la narration, les personnages et même l’environnement ont été entièrement revus pour proposer une nouvelle lecture du Grand Classique original.
Pour cette nouvelle réédition, c’est David Lowery (St Nick, Les Amants du Texas, le court métrage Pioneer qui avait fait sensation à Sundance), réalisateur indépendant et principalement inconnu du grand public, qui a été appelé aux commandes. Fidèle à ses habitudes, il livre un film sur l’enfance, avec une narration épurée et minimaliste, lui permettant de se concentrer sur le propos du film sans aucune digression. Inspiré du cinéma de Steven Spielberg, E.T., l’extra-terrestre en tête, il rappelle la notion d’amitié entre un enfant et une créature inconnue. Il prend ainsi son inspiration des films Amblin des années 80, pour trancher clairement avec l’original. Un choix plutôt malin d’ailleurs, puisqu’en conservant volontairement cette part de naïveté et de rêve, il fera écho à tous les trentenaires et quarantenaires qui ont grandi à cette époque, et qui ont invariablement connu l’original.
La réécriture sauve ainsi le métrage, lui permettant d’esquiver toute comparaison réelle et surtout, elle permet aux plus grands de le redécouvrir en profondeur et aux plus jeunes d’avoir l’opportunité de faire la connaissance du gentil dragon.

Une oeuvre simple, sincère et touchante

Peter et Elliott le Dragon prend le parti pris de la simplicité. D’abord dans sa forme, avec une narration linéaire qui se concentre sur l’essentiel et ne se laisse pas envahir par des histoires annexes et faussement complexes. Il fait la part belle à la famille et à l’émotion. Elle guide d’ailleurs l’ensemble du film, dès les premières minutes. Cette simplicité qui peut sembler accommodante au premier abord est finalement salutaire. Elle enveloppe le spectateur dans un cocon, pour le réconforter et le rassurer.  Quelques scènes lyriques, bien que rares, rythment la narration et percent encore davantage le cœur du public. Le réalisateur capte avec brio des moments de silence généralement propre aux films d’auteur. Assurément, le spectateur est apaisé et il reçoit une vague d’optimisme et de fraîcheur qui ne s’était pas vue au cinéma depuis bien longtemps.

L’attachement avec les personnages est instantané. Elliott, la créature numérique, est plus réaliste que la version de 1977. Il n’est cette fois pas réalisé en animation traditionnelle mais en image de synthèse. Il s’éloigne également de la représentation habituelle du dragon et s’approche davantage du design de Falkor de L’Histoire Sans Fin de Wolfgang Petersen sorti en 1984, sorte de mélange de chien pour le look et de chat pour les mouvements. Il revêt sur son corps des poils plutôt que des écailles, ce qui le rend encore plus attendrissant.
La présence de Robert Redford dans le rôle de M. Meachum vient appuyer davantage encore cet hommage aux divertissements familiaux de l’époque. L’empathie que l’on ressent est liée à ce personnage : il fait le lien entre le passé et le présent et concentre toute la délicatesse du film. On tombe immédiatement sous le charme de ce petit garçon. Sa fille Grace, jouée par Bryce Dallas Howard remporte rapidement l’adhésion du public de par sa candeur et son charisme.
Enfin, le rôle de Peter a été attribué à Oakes Fegley qui s’avère plutôt convainquant malgré le peu de dialogues. Il transmet davantage ses émotions par le biais de sa gestuel et de son expression faciale.

Une Bande Originale lyrique et réussie

Enfin, quelques mots sur la musique du film qui accompagne parfaitement le ton et le propos. Composée par Daniel Hart, elle sublime la narration et amplifie l’émotion du spectateur. Les chansons originales ne se retrouvent pas dans le film, de nouvelles mélodies ont été composées pour l’occasion. Attention, il ne s’agit pas d’une comédie musicale, les musiques ont uniquement un rôle de soutien vis à vis de l’intrigue. Elles revêtent parfois des allures folks et simplistes et sont jouées en voix off ou fredonnées par les différents personnages. Pour conclure, il s’agit à nouveau d’une grande réussite qui vaut largement le détour !

Alors, on recommande Peter et Elliott le Dragon (2017) ?

Comment ne pas le recommander ? Il est vrai que sa construction simpliste et les sentiments universels qu’il véhicule pourront ennuyer certains spectateurs, mais c’est bien en cela que sa force réside. Sans déluge d’effets inutiles, d’imbrications d’histoires et de conflits futiles, Peter et Elliott le Dragon cherche à toucher le spectateur de la manière la plus directe et la plus sincère possible. Dès lors, il est impossible de rester de marbre face à cette oeuvre émouvante, sublimée par un casting particulièrement adapté et une bande son qui fera chavirer votre coeur.

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On a aimé

  • La réécriture maline du film original

  • Le casting principal

  • La bande son lyrique et sublime de David Hart

  • Le récit simple, humble, indépendant et authentique

On n’a pas aimé

  • Quelques personnages secondaires inconsistants et transparents

  • Ce n’est pas un remake, le film aurait très bien pu s’appeler autrement